C’est sur une Montagne…

« In Monte qui dicitur Tumba… »
(« Sur la Montagne appelée Tumba… » ; c’est à dire tertre, élévation).
Au VIIIe siècle, au temps du roi Childebert IV, Aubert, évêque d’Avranches, fait bâtir un petit oratoire en forme de grotte sur un immense promontoire granitique, escarpé, aride et solitaire. Chacun peut encore découvrir les éléments de cet oratoire sous la terrasse qui prolonge la nef de l’abbatiale.

Source : Office de Tourisme Mont Saint-Michel Normandie
Gravure datant de 1910 par l’architecte en chef des Monuments Historiques P. Gout,
d’après les archives et les vestiges

Selon plusieurs archives du début du Xe siècle(1), vers l’an 708, Aubert fut témoin d’un combat entre l’archange Saint Michel et le dragon. Cette bataille débuta sur le mont-Dol, près de Saint-Malo, pour s’achever sur l’actuel Mont Saint-Michel.

Monsieur Saint Michel, le glorieux archange, apparaît alors en songe à Aubert, pour lui demander de construire un sanctuaire en son nom sur l’île à l’embouchure du Couesnon. L’endroit même où il vainquit l’adversaire.

Aubert connaît bien le mont habité par quelques ermites. Il y allait en retraite, loin du monde, pour s’y recueillir, prier et méditer. Il jugea impossible l’édification du sanctuaire et pensa d’abord à un mauvais tour du malin.

A gauche, Monsieur Saint Michel apparaît en songe à Aubert, évêque d’Avranches.
A droite, le Mont Saint-Michel est en construction.
Source : manuscrit du XVIe siècle, MS Français 2819. BNF/Gallica. Détail.

A sa troisième injonction, Monsieur Saint Michel, chef des armées célestes et terreur des anges rebelles, appuya fortement sur le front de cet évêque incrédule et laissa la marque de son doigt par un trou profond dans le crâne de l’homme.
L’évêque d’Avranches, ainsi délivré de tout doute et de tout scrupule, obéit alors au Ciel.
La relique de ce crâne échappa aux attaques vikings, à la Guerre de Cent-Ans, aux avanies révolutionnaires et à l’occupation allemande du mont pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Ainsi aujourd’hui, chacun peut venir vénérer cette illustre relique, appelée « chef de saint Aubert », ce crâne troué par l’ange, en la basilique Saint-Gervais-et-Saint-Protais d’Avranches.

Source : Relique du chef de Saint Aubert, basilique Saint-Gervais à Avranches, détail selon la photo de Ptyx

En 966, le duc Richard Ier de Normandie établit des moines bénédictins sur le Mont. Ceux-ci construiront, en 1023, une immense abbatiale romane soutenue par quatre cryptes tout autour de la pointe du rocher.

Dès lors, grâce à ses moines, et durant tout le Moyen Âge, l’abbaye, devient un sanctuaire au rayonnement spirituel considérable dans tout l’Occident chrétien.
Les bénédictins, priant et travailleurs, rassemblent, conservent, étudient et produisent un grand nombre de précieux manuscrits et, suivant la règle de Saint Benoît, accueillent les pèlerins de toute condition : rois, pèlerins et simples pénitents.

Au XIIIe siècle, à la suite de la conquête puis du rattachement des territoires anglo-angevin de la Normandie au domaine royal français, une donation du roi de France, Philippe Auguste, permet d’entreprendre l’ensemble gothique : deux bâtiments de trois étages, couronnés par le cloître et le réfectoire des moines.

Pendant la guerre de Cent Ans, forteresse du duché de Normandie en plein cœur de la baie, le Mont Saint-Michel est assiégé pendant presque 30 ans. Les Anglais se sont solidement établis sur l’îlot tout proche de Tombelaine ; et malgré l’effondrement du chœur roman de l’église, la citadelle française résiste, notamment grâce à l’édification des puissants remparts et au va-et-vient incessant des marées qui en ont fait un fort imprenable.

En 1434, le Mont sort victorieux du siège anglais, c’est la seule place forte de Normandie qui leur échappe.

La reconstruction du chœur de l’église actuelle n’interviendra qu’après guerre, un siècle plus tard, dans l’élan de l’art gothique flamboyant. Le mont devient un symbole de victoire pour le royaume de France.

Le Mont Saint-Michel au XVIIe siècle

Au XVIIe siècle, c’est désormais la Congrégation de Saint-Maur, une branche bénédictine, qui anime l’abbaye. Le flot des pèlerins se tarit et ce sont des prisonniers écroués par lettres de cachet qui y sont incarcérés. C’est ainsi que le Mont Saint-Michel se transforme peu à peu en « Bastille des Mers ».

La Révolution Française chasse les moines. A la suite du décret du 2 novembre 1789 qui met les biens de l’Église à la disposition de la Nation, l’abbaye vidée devient « bien national ».

Au XIXe siècle, l’abbaye est entièrement réaménagée en prison d’État pour accueillir toujours plus de prisonniers de droits communs et d’autres politiques.

En 1863, la prison ferme définitivement, mais l’abbaye est totalement délabrée.
En 1874, elle est classée au titre des Monuments Historiques. Les premiers travaux de restauration débutent.
C’est une nouvelle époque qui commence : le Mont Saint-Michel et son abbaye millénaire sont sécularisés ; les abords sont aménagés afin de recevoir les touristes.

Mille ans après l’établissement des premiers moines, une communauté de quelques bénédictins s’installèrent à nouveau en 1969.
Aujourd’hui, une douzaine de moines et moniales des Fraternités monastiques de Jérusalem rendent grâce quotidiennement à Dieu.

Statue de l’archange Saint Michel terrassant le dragon de l’Apocalypse.
Créée en 1877, elle est entièrement lamée d’argent.
Cette statue se trouve dans l’église paroissiale Saint-Pierre sur le mont.

Le Mont Saint-Michel est et reste toujours un haut lieu de pèlerinage spirituel.
De nombreux fidèles et pèlerins viennent, comme beaucoup d’entre nous, se consacrer au Prince des anges.

Que Saint Michel, saint Patron de la France et Défenseur de l’Église, nous garde de tout mal et de tout péché,
Que notre chère Mère du Ciel, Marie, nous protège par son manteau de vierge née immaculée bienheureuse et toujours vierge,
Que notre Seigneur, Jésus Christ, Dieu Seul Sauveur, Qui nous racheta au prix de son Sang Précieux, nous sauve,

toujours !

R.

(1) « Revelatio ecclesiae sancti Michaelis in Monte Tumba » (Révélation concernant l’église de Saint-Michel sur le mont Tombe).
(2) Sources : sites web de l’Office de Tourisme Mont Saint-Michel Normandie et du Centre des monuments nationaux.

Bannière de la fraternité michaélique de l’Alliance des Cœurs Unis de Jésus et de Marie

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